Le R.O.I est mort, vive le R.O.I !

Lors de la réflexion autour de l’implémentation de tout nouvel outil au sein d’une organisation, se pose toujours la question du retour sur investissement du projet. Mais qu’en est-il concernant l’implémentation d’outils d’innovation participative ou de travail collaboratif ? Est-ce si simple à mesurer ?

R.O.I, une rentabilité financière immédiate :

Dans le cas d’un outil de travail collaboratif, on pourra évidemment établir des variables simples qui nous permettront de mesurer son impact sur les performances de l’entreprise. L’indicateur le plus simple, est de quantifier le temps gagné et donc l’argent économisé au quotidien avec ce type d’outils. Autre indicateur facilement mesurable dans le temps : améliorer la réussite de ses projets.

Les démarches d’innovation participative, et la mise en œuvre des idées en découlant, permettent également de dégager des indicateurs de performance. Pour exemple, une idée permettant de réduire les coûts en matière d’approvisionnement proposée par un collaborateur, sera aisément quantifiable et donnera un retour sur investissement facilement calculable. Nombre d’articles relatent le fait que telle ou telle entreprise économise X millions d’euros chaque année grâce aux idées proposées par ses salariés. Mais réduire le retour sur investissement de ces démarches à ces seuls indicateurs n’est-il pas réducteur ? Ne devons-nous pas, dans le cas de l’innovation participative comme dans le travail collaboratif, pousser plus loin nos analyses ?

Le partage des documents et des connaissances grâce aux outils collaboratifs au sein de l’entreprise permettent de capitaliser sur le travail de chacun pour ne pas avoir à « réinventer l’eau chaude » en permanence. Ce bénéfice est difficilement mesurable mais on sait que la capitalisation des savoirs est un facteur clé de succès pour les organisations. Comme l’aimait à le rappeler Lew Platt ancien PDG de HP « si HP savait tout ce que HP sait nous serions trois fois plus profitables »
Dans le cas des outils d’innovation participative, nous devons prendre en compte le fait que même certaines des idées non retenues et qui ne sont donc pas mises en œuvre ont une valeur pour les entreprises. En effet, selon une étude Inergie innov’acteurs de 2011, les organisations mettant en œuvre des démarches d’innovation participatives tirent parti de 76% des idées recueillies.

R.O.I³ :

Ainsi, nous parlons de ROI³ : retour sur investissement bien sûr mais aussi sur Innovation et sur Intelligence. Ce sont les trois axes sur lesquels le travail collaboratif et l’innovation participative peuvent apporter une valeur ajoutée.

Le retour sur innovation est la mesure de ce qui est apporté à l’entreprise quand la culture de l’innovation y est insufflée. En effet, les démarches d’innovation participative ont ceci de particulier qu’elles créent les conditions favorables au questionnement des collaborateurs sur les améliorations qui sont à apporter dans leur entreprise. A terme, les membres de l’organisation deviennent plus porteurs de projets et sont plus souvent force de proposition. L’esprit de l’innovation est porté de façon globale et modifie le paysage interne de l’organisation, la rendant plus dynamique et plus agile.

Le retour sur intelligence découle de la mise en relation des différents acteurs au sein de l’entreprise leur permettant de mieux partager et transférer la connaissance. C’est donc le bénéfice induit par la capitalisation des compétences, des connaissances et des expériences de chacun. Il peut en effet être coûteux de déliter toutes les informations dont l’entreprise aura de nouveau besoin à l’avenir.

Un ROI porteur de motivation :

Dans le cadre de démarches menant à l’implémentation de solutions de travail collaboratif et/ou d’innovation participative, un autre bénéfice induit est à valoriser : celle du bien-être social dans l’entreprise.

Dans l’étude Inergie Innov’acteur 2011, 95% des salariés interrogés déclaraient percevoir le déploiement de démarche d’innovation participative comme source de satisfaction dans leur travail. Bien que l’amélioration du climat social ne puisse être le seul objectif de l’innovation participative, la progression de celui-ci est indéniable lorsqu’une démarche de ce type est engagée dans une organisation. Les outils de travail collaboratif et d’innovation participative œuvrent à la diminution du turn-over, de l’absentéisme, à la fidélisation des collaborateurs, autant d’enjeux étroitement lié à la productivité de l’entreprise. Le retour sur investissement peut prendre des formes bien différentes, alors que beaucoup de sociétés se dotent de nouveaux outils, nombreuses sont celles qui oublient souvent de mesurer une partie des impacts qu’ils peuvent avoir sur leur organisation.

Pour mesurer de façon précise et effective le retour sur investissement des outils collaboratif et d’innovation participative, ne faut-il pas simplement élargir la perception que nous avons du ROI ?

One thought on “Le R.O.I est mort, vive le R.O.I !

  1. Il est effectivement parfois difficile de mesurer le ROI de l’Intelligence Collective. Cet article donne quelques cas concrets où l’on perçoit « comptablement » les gains de telle ou telle démarche induite par des idées nouvelles des collaborateurs, mais ce n’est pas toujours aussi trivial.

    A défaut, on peut se référer à l’article d’Alexis Nicolas publié dans Le Cercle -Les Echos http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/management/organisation/221165501/baisse-cout-travail-impact-social-positif-c-es

    Dans cet article, on montre que le coût de réalisation minimal pour une tâche ne correspond pas à celui associé à une utilisation de 100% des ressources (on se rapproche plus de la règle des 80/20 dans l’article). Dans une approche classique de type Ordre, une conclusion s’impose : « L’important est de retenir que le coût total ne peut pas être optimisé par l’augmentation du taux d’utilisation des ressources ».

    Il reste donc du temps à ce capital humain pour se développer : augmenter son engagement, sa prise de responsabilité, sa confiance et son bien-être, son champ de compétences, expérimenter, en bref tout ce qui désormais conditionne la performance de l’organisation. Une des clés de l’innovation n’est-elle pas la sérendipité ?

    Merci donc pour ce post qui, avec le vocable ROI3 (Investissement, Innovation, Intelligence) étend son concept au delà du seul champ de l’économie.

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